Les dérives de #MeToo – Procès Depp/Heard

Cinq après la démocratisation du mouvement #MeToo, ce phénomène est devenu éminemment politique. Alors que Johnny Depp a été banni d’un grand nombre de plateaux de cinéma avant même d’avoir été jugé, faut-il y voir l’incarnation des dérives de #MeToo ? Le harcèlement et les menaces à l’encontre d’Amber Heard pour avoir dénoncé les violences de l’acteur américain remettent-ils en cause la parole des femmes ? Le débat est ouvert.

La justice dans les médias et non plus dans les prétoires

Selon Maitre Sophie Obadia, si la justice française en vient à une telle caricature  avec des « procès-émojis », ça sera la fin de l’Etat de droit. En effet, selon Maître Sophie Obadia, nous sommes dans une nouvelle période où les excès de mise en scène des procès nous amènent à cesser de juger sur des preuves. Les preuves étant pourtant la règle de droit.

Statut de la parole et statut de la vérité

Maître Sophie Obadia explique qu’en France, le rapport à la vérité est particulier et bien différent des Etats-Unis. En France, nous pouvons mentir, aux Etats-Unis c’est un parjure. Par ailleurs, le procès Depp/Heard est un procès en diffamation, on juge un acte médiatique et non un cas de violence sexuelle. En outre, l’excès de mise en scène de ce procès nous éloigne de la réalité. Nous sommes loin la méthode française selon laquelle : la recherche de la vérité se fait à partir de preuves.

Le « récit » de la victime

Maître Sophie Obadia explique que c’est à la justice de recueillir le témoignage pour le corroborer avec des éléments de preuves.
Maître Sophie Obadia reconnait le manque de dignité envers des femmes présumées victimes. Elle souhaite que le recueil de leur témoignage se réalise dans des conditions plus dignes.

L’art de la nuance

En France, contrairement au Etats-Unis, nous avons ce que l’on appelle « l’art de la nuance ». Cela signifie que l’on traite très différent deux dossiers d’agressions sexuelles. Un viol et une agression verbale dans le métro ce n’est pas la même chose.

Les chiffrages donnés sont régulièrement biaisés. Ainsi, lorsqu’on annonce que « 70% des plaintes pour violences sexuelles sont classées sans suite », on ne sait pas s’il s’agit d’une agression verbale, d’une tentative d’agression, d’un harcèlement sexuel, d’un viol.

Le manque de culture juridique

Sophie Obadia déplore le manque de culture juridique en France. Si bien, que l’on oublie le cœur de ce procès : la diffamation.

La présomption d’innocence : le cas de l’Affaire Abad

Maître Sophie Obadia considère que Damien Abad ne peut pas réellement être considéré comme présumé innocent, puisque la procédure a été classée. Le principe n’est donc pas applicable. Mais médiatiquement, il doit être considéré comme présumé innocent puisqu’aucun juge ne l’a jugé coupable. Si l’on n’accepte pas cela, on tombe dans le modèle américain.

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